Hausse du CAC 40, baisse des taux et introductions en Bourse font revenir les actionnaires individuels.\
Ce n'est pour l'instant qu'un frémissement,
mais il marque un vrai changement de tendance : les particuliers
retrouvent doucement le chemin de la Bourse. Après des années de déclin,
la part des investisseurs individuels a légèrement augmenté à 7,2 % des
volumes échangés en mars, contre 7 % en 2014, selon les données
d'Euronext, l'opérateur de la Bourse de Paris.
De
nombreux autres indicateurs montrent ce regain d'intérêt : augmentation
des ordres passés, ouvertures de comptes chez les grands courtiers en
ligne, progression de près 20 % sur un an (à 107.000) des adhérents de
la F2iC (Fédération des actionnaires individuels et des clubs
d'investissement)... Sans oublier la forte mobilisation des actionnaires
individuels lors des récentes introductions en Bourse.
A
cet égard, certains chiffres sont impressionnants : pour la cotation de
la biotech Ose Pharma, fin mars, le taux de souscription des
particuliers a été de 1.388 % (soit 14 fois plus de titres demandés que
de titres offerts) ! Pour l'éditeur de jeux vidéo Focus en février, il
était de 1.222 %. « Cela signifie que nombre d'introductions de PME-ETI (entreprises de taille intermédiaire, NDLR) auraient pu être intégralement couvertes par les particuliers. On n'avait pas vu ça depuis des années »,
s'enthousiasme Marc Lefèvre, chez Euronext. La part des actions de
PME-ETI effectivement achetées lors de l'IPO par les particuliers est
montée aussi à 28 % du capital pour une tranche minimale obligatoire
d'au moins 10 %.
Toutefois, une hirondelle
ne fait pas le printemps. L'appétit des Français pour la Bourse reste
loin de ce qu'il était avant la crise de 2008. Le nombre de
« boursicoteurs » a quasiment diminué de moitié, à 3,6 millions, à fin
2014 d'après une enquête de TNS Sofres (*). Le retour de l'intérêt pour
la Bourse doit donc être confirmé. « Les petits porteurs reviennent
sur la pointe des pieds et il faudra du temps pour retrouver un jour
les 7 millions d'actionnaires d'antan, mais la tendance positive peut
continuer pour les prochaines années », répond Pascal Donnais, chez Fortuneo. « A
moins d'une brusque et forte correction du marché, les particuliers
devraient rester. D'autant qu'ils semblent plus éduqués et mieux armés
qu'avant », appuie Benoît Grisoni, chez Boursorama.
L'environnement
est en effet porteur entre la montée en quasi-ligne droite du CAC 40
(+19 % pour l'indice phare de la Bourse de Paris cette année), de
faibles taux obligataires qui rendent moins attractifs les autres
classes d'actifs, et le flot d'introductions en Bourse.
Fait
notable, la « veuve de Carpentras » n'hésite plus à jouer avec des
produits très risqués, comme les options binaires (lire ci-contre). Les
Français apprécient aussi les sociétés innovantes - technologie,
biotechnologie, équipements médicaux. En témoignent les forts taux de
souscription pour Cerenis Therapeutics ou encore Crossject. Les biotechs
sont par exemple l'un des secteurs favoris des clients de Fortuneo. « La
recherche médicale ou l'énergie renouvelable parlent aux particuliers.
Ils sont également très sensibles aux dimensions de proximité
régionale », note Marc Lefèvre. « C'est un peu la même
philosophie que lors de la vague des sociétés Internet à la fin des
années 1990 : les particuliers cherchent des pépites d'avenir », ajoute Charles-Henri d'Auvigny, de la F2iC.
Pourtant, investir dans des start-up
demeure très risqué, eu égard aux variations extrêmes possibles des
cours. Il faut souvent avoir de solides connaissances, puisque, dans les
biotechs par exemple, rares sont celles qui parviendront à trouver des
médicaments révolutionnaires. A l'instar de la bulle Internet, en 2000,
il ne faudrait pas que de nouvelles déconvenues transforment l'appétit
retrouvé pour les actions en désamour profond pour la Bourse.
Marina Alcaraz, Les Echos
(*) Enquête Sofia, hors actionnariat salarié.
Les Français redécouvrent les charmes de la Bourse, Sciences & Prospectives
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